Des scientifiques réunionnais expliquent

Le bilan aurait pu être moins lourd

29 décembre 2004

Les centres d’alertes tsunamis ont enregistré le séisme qui a causé le raz-de-marée. S’ils avaient prévenu les pays concernés, les populations auraient pu être évacuées et la catastrophe aurait fait moins de victimes, estime la sismologue Valérie Ferrazzini. Quant au géographe Wilfrid Bertile, il explique que La Réunion n’est pas dans une zone à risques.

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Dimanche, le monde entier se préoccupait du sort des populations d’Asie du Sud, touchées par un puissant raz-de-marée. Le phénomène a même été ressenti sur nos côtes, touchées quant à elles par des marnages rapprochés. En témoignent les avaries enregistrées essentiellement dans les ports de Sainte-Marie et de Saint-Gilles.
Cela qui a suscité de nombreuses questions chez les Réunionnais, préoccupés par les conséquences de tels phénomènes sur leur environnement. Comment explique-t-on la création d’un tsunami ? Quelles sont les conséquences de tels phénomènes ? Que pourrait-on proposer comme système d’alerte ?

Interrogés avant-hier par nos confrères d’Antenne Réunion, les services météorologiques ont révélé que cela n’était pas de leur totale compétence. Le “tsunami” (terme japonais) est un raz-de-marée qui fait suite à un séisme sous-marin. Cela relèverait donc particulièrement des services volcanologiques.
Pour l’heure, trois observatoires surveillent ce genre de manifestation dans le monde. Ce sont les centres d’alerte tsunamis du Pacifique, à Hawaï, en Alaska et au Japon, tous susceptibles de subir des raz-de-marée de ce genre.
Si les côtes du Sud-Est asiatique connaissent cette catastrophe, cela s’explique par leur position sur la carte des tectoniques des plaques. Et dans leur cas, il s’agit d’une zone de subduction particulièrement active.

Pourquoi n’y a-t-il pas d’observatoire dans l’océan Indien ?

Le géographe réunionnais Wilfrid Bertile expliquait que "c’est un phénomène courant, qui touche surtout l’Extrême-Orient, comme le Japon". Le géographe indique que ce phénomène "relativement classique" est dû, soit à un effondrement sous-marin, soit à un séisme sous-marin.
On s’étonne d’ailleurs qu’en raison des risques encourus, il n’y ait pas d’observatoire dans l’océan Indien capable de prévenir les populations alentours, comme le déplore notamment la sismologue de l’observatoire réunionnais, Valérie Ferrazzini.
La Réunion est quant à elle peu concernée par cette manifestation, car elle "est géologiquement éloignée" des zones tectoniques. Il serait donc peu probable, selon Wilfrid Bertile, que notre île soit dramatiquement touchée par un tsunami, de par la topographie de notre île notamment.
Valérie Ferrazzini confirme qu’il y a "peu de chances d’avoir un séisme d’une telle magnitude" dans notre zone, mais notre île ne serait pas pour autant épargnée par les conséquences d’un tel phénomène, particulièrement dans l’Ouest.
En 1883, comme partout dans le monde, La Réunion a ressenti les conséquences de l’éruption du Krakatoa. Les annales notent le retrait de l’eau sur la baie de Saint-Paul. Plus récemment, en 1964, une manifestation due au même phénomène de subduction, en Alaska, se ressentait dans le monde entier. Se pose donc la question de la surveillance et de la responsabilité des scientifiques quant à la sécurité des populations.

"C’est honteux"

Ce qui est accablant et s’ajoute à la catastrophe de dimanche, c’est le manque de concertation entre les peuples. Les centres d’alerte tsunamis du Pacifique ont en effet enregistré ce séisme sous-marin, et étaient en capacité de prévenir les 8 pays touchés par cette catastrophe.
Cela n’a pas été fait, avec les conséquences qui font aujourd’hui la une de l’actualité mondiale. "Toutes les stations [volcanologiques] ont enregistré ce séisme", nous indiquait la sismologue de l’observatoire du volcan, qui a aussi enregistré le phénomène.
Le bilan, déjà alarmant, devrait s’alourdir : 30.000 personnes sont portées disparues. La mobilisation internationale se met quant à elle en place, pour éviter les risques imminents de famine et d’épidémies.
Le bilan aurait été moins lourd si les centres d’alerte avaient effectivement “alerté”. "En 2 heures, on a le temps d’évacuer les gens, même s’ils sont à pied", indiquait Mme Ferrazzini. Et d’ajouter "c’est honteux".
On peut comprendre son indignation : en 2 heures, on aurait pu évacuer les côtes sri-lankaises. Elle affirme que l’océan Indien doit se doter d’un centre d’alerte, comme pour la zone Pacifique. La Réunion pourrait d’ailleurs accueillir un tel observatoire. Cela pourrait nous prémunir à l’avenir d’un tel drame dans notre zone de vie, quand on sait que de nombreuses îles de la zone sont à peine plus hautes que le niveau de la mer.

Bbj


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