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Solidarité
À la rencontre des visiteurs de prison
6 janvier 2004
Dans le cadre d’une série d’articles sur le thème de la solidarité, ’l’Humanité’, dans son édition de vendredi, fait une large place à ceux qui consacrent une partie de leur temps à visiter les prisonniers. Nous reproduisons cet article avec des inter-titres de ’Témoignages’.
Créée en 1932, l’Association nationale des visiteurs de prison (ANVP) accueille des hommes et des femmes prêts à accompagner des détenus durant leur détention.
Depuis quatre ans, Michelle Cambien fait, toutes les semaines, deux heures de route pour arriver jusqu’au quartier des femmes de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), « au fin fond de nulle part », avoue-t-elle. Chaque semaine, Michelle se plie ainsi au même scénario : des couloirs interminables, « et Dieu sait s’il y a des couloirs à Fleury-Mérogis », des fouilles, des interrogatoires. « À chaque fois, je compte près de trois quarts d’heure avant d’arriver auprès de la détenue », explique-t-elle.
Âgée de soixante-huit ans, Michelle Cambien s’entretient régulièrement avec deux prisonnières mères de famille. « Les femmes que je rencontre ici se sentent très isolées, coupées de tout. Elles sont extrêmement anxieuses de ce qui se passe à l’extérieur. Au-delà de l’écoute, notre rôle consiste aussi à servir de relais avec leurs familles, leurs éducateurs et l’administration pénitentiaire quand quelque chose ne va pas bien. Elles comptent beaucoup sur notre aide, surtout pour les courriers, puisque ici toute demande doit être formulée par écrit ». Depuis qu’elle a adhéré à l’ANVP, Michelle a "parrainé" une dizaine de femmes parmi des détenues de toutes les nationalités, dont beaucoup ne parlent pas français et qui sont financièrement, humainement et socialement très démunies. « Elles ne possèdent rien en arrivant, rien en sortant ».
« Notre principal objectif », explique-t-elle, « en tant qu’intervenants extérieurs, est de leur redonner confiance en elles-mêmes. Notre présence doit être la preuve que la société ne les rejette pas. Peut importe la raison pour laquelle elles sont là. Souvent nous ne le saurons pas. Et il n’y aura jamais de jugement de valeur de notre part parce que ce sont d’abord des êtres humains ».
Aujourd’hui en France, près de 2.200 femmes sont incarcérées, soit à peine 3,8% de la population carcérale. Une goutte d’eau en comparaison avec les quelque 60.000 hommes derrière les barreaux. Mais si elles sont peu nombreuses, « elles sont aussi les plus fragilisées », explique Michelle Cambien, tant l’univers carcéral semble peu compatible avec la vie d’une femme. Que devient la féminité sous les verrous ? La réponse coule de source car, à quoi sert de s’apprêter quand on est seule face à soi-même, l’horizon borné par les quatre murs d’une cellule. « Les femmes supportent plus difficilement que les hommes d’être coupées de leur entourage et de leurs proches. La principale question qui préoccupe 80% d’entre elles est de savoir comment élever des enfants derrière des barreaux. Quand une mère va en prison, c’est toute la famille qui purge une peine. Ses enfants sont parfois livrés à eux-mêmes, ou confiés à la DDASS, et doivent se contenter de 30 minutes de parloir en guise de tendresse maternelle ».
De plus, il existe « une précarité propre aux prisons qui achève de rendre la vie carcérale dégradante, injuste et dangereuse. Elle menace la santé et l’intégrité physique. Elle crée et renforce des injustices judiciaires et sociales, et fragilise sa famille et ses proches », explique Michelle.
Si elle est devenue visiteuse de prison, c’est parce que c’est, à son âge, « une manière de défendre les droits de l’Homme et d’être un témoin, pour la société, de ce qui ce passe en prison. Par ce biais, je souhaite combattre l’idée, trop répandue, que l’incarcération systématique est la solution aux problèmes de notre société ».
« Une traversée hors du temps » pour les condamnés à de longues peines |
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Alain Hesling est lui aussi visiteur de prison. Depuis quatre ans, il se rend régulièrement à la maison centrale de Poissy (Yvelines), où il rencontre plusieurs personnes incarcérées condamnées à de longues peines allant, pour certaines, jusqu’à la perpétuité. « La prison est une traversée hors du temps », confie-t-il. « C’est la raison pour laquelle la plupart des détenus arrêtent l’horloge de la vie, la mettent entre parenthèses. Les rares choses réconfortantes ne sont que des souvenirs qu’ils s’efforcent de prolonger afin de combler leur vide existentiel ». En centrale, le temps disparaît. Le présent est inintéressant et l’avenir hors d’atteinte.
« Leur quotidien est fait de rumeurs et de mensonges, de réputations fabriquées pour se convaincre et convaincre les autres qu’on est un vrai dur », explique Alain. « Ils sont totalement coupés du monde extérieur, leur référent quotidien est leurs codétenus et la télévision, qui reste leur dernier lien avec la société et est abrutissante par sa durée de consommation. Leurs conversations reflètent ce quotidien appauvri et cyclique, ils ne parlent que de la vie de la prison, des autres détenus, encore de la télévision, l’extérieur est, lui, totalement exclu. Il ne revient que pendant les entretiens avec les visiteurs de prison, où le temps de l’avant incarcération est systématiquement magnifié et idéalisé ». Alain a quarante-huit ans et son premier contact avec le milieu carcéral date de vingt-cinq ans déjà. Il était alors enseignant en mathématiques et en français. « C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte à quel point la misère et la détresse étaient omniprésentes en prison ». Tout comme Michelle, il s’interroge sur le bien fondé d’un système punitif. « La prison ne peut être bénéfique que si les gens qui s’y trouvent comprennent le sens de leur punition. Or, aujourd’hui, on enferme à tour de bras des personnes qui ressortent plus fragilisées que quand elles sont entrées ». Il a voulu, lui aussi, être un témoin de la vie carcérale : « Je me rends compte », reconnaît-il, « quand j’aborde cette question avec mon entourage, que leur première réaction est le rejet et/ou le silence. La société refuse encore aujourd’hui d’aborder la question de ses prisonniers et se comporte à leur égard comme à l’égard de toutes les populations rejetées. L’idée dominante à ce propos est que ceux qui y sont l’ont bien mérité ! C’est de l’aberration. Comment voulez-vous que la prison réhabilite quiconque sous le coup de la condamnation ? Au contraire, le détenu s’y pourrit et sort aigri, révolté, prêt pour la récidive aggravée ». |
« Je ne vois pas des dossiers, je vois des êtres humains » |
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Liliane Chenain, présidente de l’ANVP, considère que « le plus pénible est que certaines tendances politiques sont convaincues que la répression la plus rigoureuse est la seule option en matière de justice pénale. La dérive sécuritaire dans laquelle nous avons basculé depuis l’élection présidentielle a totalement aboli le sens de la prison, qui est devenue une industrie où l’on gère toutes les misères ». Pour cette « militante de l’abolition de la perpétuité », comme elle aime à se définir, la société porte sa dose de responsabilité. « Nos prisons sont remplies de petits Africains et de petits Arabes. Des minots issus de l’immigration, que l’on a parqués dans des banlieues, dont personne ne veut entendre parler et dont la société a lâchement manqué l’intégration des parents. Avec quels modèles peuvent-ils grandir ? » Liliane Chenain continue de rendre visite à quatre personnes incarcérées, à la maison d’arrêt de Fresnes et à la maison centrale de Poissy, dont certaines sont condamnées à la réclusion criminelle à perpétuité. « Ce sont eux aussi des victimes », explique-t-elle. « Ces hommes sont condamnés à la mort lente. Ils n’ont aucun projet d’avenir, ne peuvent rien reconstruire ». Si toute personne incarcérée peut faire la demande de recevoir un visiteur de prison, « encore faudrait-il qu’ils sachent que cela existe », ironise Liliane. « Nous sommes dans une telle situation de surpopulation et de sous-effectif dans les prisons que les travailleurs sociaux, chargés de nous communiquer les demandes des détenus, préfèrent nous ignorer ». Témoins et aussi dépositaires de certains faits, les visiteurs de prison n’hésitent pas à monter au créneau et à remettre en cause le système carcéral. « Nous avons pour obligation à l’ANVP de ne jamais nuire au détenu, ni de torpiller la relation de confiance qui s’est nouée entre celui-ci et le visiteur », explique Liliane Chenain. « Néanmoins, il est de notre devoir d’interpeller les autorités quand l’intégrité des détenus est en danger ». Et elle ajoute : « La société voudrait que la prison reconstruise des personnes là où les services sociaux ont échoué. Moi, quand je vais en prison, je ne vois pas des dossiers, je vois des êtres humains, jamais réduits à des actes, mais susceptibles d’évoluer. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’ils ne sont pas responsables de leurs actes ». |
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Messages
9 novembre 2008, 10:59, par Crunchi smile
Bonjour ! Je suis en 1°ES et j’ai comme sujet d’Education Civique La vie sociale des prisonniers, je ne sais pas vraiment à qui m’adresser pour obtenir des informations donc si vous avez des témoignages ou des connaissances là dessus j’aimerais bien les connaître =)
Merci d’avance !