Changements climatiques

’Nous n’avons qu’un siècle pour nous y adapter’

5 octobre 2004

Le compte à rebours est déjà entamé, insiste Paul Vergès, de retour du colloque de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique. Le pari de l’indépendance énergétique de la Réunion est plus que jamais d’actualité.

"Il y a unanimité sur le caractère inéluctable du changement climatique, les experts soulignent la rapidité du processus", indique Paul Vergès. Le président de Région et président de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) est de retour d’une semaine à Paris où se tenait le colloque “Collectivités locales et changement climatique : quelles stratégies d’adaptation ?”
Ce changement fondamental devrait s’opérer en moins d’un siècle : comment y faire face ? L’année dernière, le premier colloque n’avait pas rassemblé beaucoup d’élus, mais avec la multiplication des catastrophes climatiques, ils ont été très nombreux à se mobiliser pour ce deuxième colloque, montrant qu’il existe "une prise de conscience de plus en plus grande". Ce colloque s’est tenu en présence de Serge Lepeltier, ministre de l’écologie et du développement durable (lire nos précédentes éditions).

"Le premier problème c’est la mer"

Dès sa création, l’Observatoire s’est fixé pour objectif prioritaire d’informer le plus largement l’opinion et de mettre à la portée de tous les résultats des experts internationaux. L’Observatoire attire l’attention du gouvernement sur la nécessité de diminuer la production des gaz à effet de serre. Durant le colloque, l’annonce de l’adhésion de la Russie au protocole de Kyoto a été saluée.
L’Observatoire attire aussi l’attention sur le plan climat 2004 et les adaptations nécessaires, car nous subissons déjà les conséquences climatiques de la pollution. Il n’y a qu’à voir le nombre et l’ampleur des catastrophes en Europe et dans le monde.
Selon Paul Vergès, "il faut s’adapter dès maintenant à ces phénomènes extrêmes. C’est à l’ONERC de réfléchir aux mesures à prendre, de permettre un travail en commun des élus et des experts pour avoir l’application locale du problème, tout en sachant qu’il n’y a aucune expérience jusqu’à maintenant. Aucun précédent dans le domaine".
Selon les lieux, les mesures d’adaptation varieront. L’ONERC demande la mobilisation de l’Association des maires de France, de l’Association des présidents de Conseils généraux et des présidents de Conseils régionaux pour voir "comment, à cette échelle, imaginer des mesures d’adaptation".

La mobilisation est internationale, nationale, régionale et locale. Pour Paul Vergès, il faut à La Réunion sensibiliser davantage les élus, car nous sommes une île volcanique, confrontés aux cyclones, au blanchiment des coraux...
"Le premier problème c’est la mer. Il faut sauver la barrière corallienne qui seule arrête la houle. Nous devons mieux connaître le comportement des poissons, leurs itinéraires pouvant changer. Les problèmes liés au niveau de la mer se posent aussi".
Dans ce contexte, Paul Vergès souligne pour notre île "l’importance de la canne dont l’argument environnemental est aussi décisif que l’économique et le social".

"Nous allons connaître ce que nos parents n’ont pas connu"

Les dangers des eaux demandent l’activation de la programmation des endiguements de ravines. Face au risque d’inondation, "les élus municipaux, cantonaux, régionaux et la population doivent réaliser une révolution en matière d’occupation des sols et d’aménagement du territoire. Ce chantier qui s’ouvre, sans expérience précédente, doit amener à prendre conscience de changements fondamentaux".
Augmentation du niveau de la mer, cyclones soumis à une plus grande variabilité.... La Réunion devra étudier tous les problèmes : la mer, la barrière de corail, le littoral, les zones urbaines et agricoles, les zones naturelles à conserver, "en ne minimisant pas le risque, pour prendre toutes les précautions". C’est une énorme responsabilité politique et citoyenne.
"Nous allons connaître ce que nos parents n’ont pas connu : le changement de toutes les conditions environnementales. Il y a un bouleversement, nous n’avons qu’un siècle pour nous y adapter", affirme Paul Vergès. Une anticipation qui passe par de nombreuses études, et qui sera aussi au centre du Schéma d’aménagement régional. À ce titre, l’ONERC prône une approche transversale et a publié un guide d’adaptation à destination des collectivités locales.
Le pari de La Réunion d’accéder à l’indépendance énergétique en 2025, grâce aux énergies renouvelables, n’a jamais été autant d’actualité. La maîtrise de l’énergie et l’autonomie énergétique des établissements scolaires devrait être, à l’avenir, systématique.

Eiffel


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