Le prix du pétrole flambe et atteint des sommets historiques. Voilà qui inquiète le Parti communiste réunionnais, qui s’exprimait hier lors d’une conférence de presse. Le contrôle des ressources pétrolières est source de guerre et les prix devraient rester élevés, puisque la demande mondiale ne cesse de croître.
Dans ce contexte, note Maurice Gironcel, maire et conseiller général de Sainte-Suzanne, "les spéculations vont donc bon train. Le Fonds monétaire international évoque un prix moyen de 37 dollars en 2005, soit huit dollars de plus qu’en 2003. D’autres hypothèses n’écartent pas un coût possible de 100 dollars le baril".
Quelles seront les conséquences de cette hausse continuelle ? Les répercussions sont multiples. Le PCR signale que "la hausse va jouer sur le pouvoir d’achat et la consommation des ménages, sur les recettes de TVA perçues par le gouvernement, sur l’approvisionnement des industries..." La conséquence principale reste "un ralentissement de la croissance dans le monde et en France". La vigueur de la reprise pourrait donc être freinée.

Répercussions budgétaires

Ces précisions, confirmées par la Banque centrale européenne, inquiètent Maurice Gironcel : "Cela interviendrait en France dans une situation qui est en train de se dégrader. Les dernières statistiques contredisent l’objectif d’une amélioration du chômage pour le second semestre. Le nombre d’érémistes n’a jamais été aussi élevé. Le gouvernement a préparé son budget pour 2005 sur la base d’un prix du baril du pétrole à 36,5 dollars et un taux de croissance de 2,5%. Si le prix du baril se retrouve au-dessus, Paris devra revoir toute sa politique. Il faudra revoir le plan Borloo. Le dispositif imaginé par le ministre de l’emploi, déjà passé de 12 milliards d’euros à un milliard, risque de se réduire en peau de chagrin".
Le PCR prévient que "la baisse de la croissance aura des répercussions sur toute la politique gouvernementale, y compris sur le budget du ministère de l’Outre-mer".

Étendre les mesures nationales à La Réunion

À La Réunion, si la hausse doit continuer, les prix des billets d’avion augmenteront. "Les petites compagnies comme Air Austral et Air Bourbon pourront-elles résister ?", demande le PCR. En ajoutant que "les dispositions imaginées par le gouvernement comme le passeport mobilité et la continuité territoriale vont en prendre un coup".
Ce qui est valable dans l’aérien l’est aussi dans le maritime. Hausse du prix des carburants et raréfaction des bateaux (mobilisés sur l’Inde et la Chine) entraîneront une hausse du coût du fret.
Pour ces raisons, le PCR note que "sur certaines liaisons à Maurice, le fret a augmenté de 63% en 6 mois" et "une hausse du coût du fret aura nécessairement des répercussions sur le niveau des prix : ils devront augmenter à leur tour".
Nous devons aussi nous préparer à une hausse du prix du carburant à la pompe. Les automobilistes, les ménages, les agriculteurs, les pêcheurs, les routiers sont concernés par cette hausse.
Si tous les professionnels tentent d’établir des compromis avec leur ministère respectifs en ce moment en France, Maurice Gironcel fait remarquer qu’ "à La Réunion, pour le moment, ces trois fronts sont calmes. Essentiellement parce qu’aucune hausse n’a encore été annoncée, la préfecture devant faire connaître sa décision à la fin de ce mois. Seul le Syndicat des armateurs réunionnais à la pêche palangrière pélagique a déclaré se montrer vigilant. Les planteurs bénéficient ici d’une exonération sur le gasoil, quant aux routiers, leurs dirigeants syndicaux sont impliqués dans la bataille de l’élection à la Chambre de commerce. Toujours est-il que nous demandons que les mesures décidées sur le plan national soient étendues à La Réunion".

Ethanol, solaire, géothermie, etc

À chaque flambée des prix, resurgit un débat sur la qualité des réserves de pétrole disponibles. Pour les plus pessimistes, les réserves permettraient de tenir encore quarante ans, pour d’autres, un siècle. Qu’importe ce débat, pour le PCR, "la réalité est que, à cause de sa dépendance à l’extérieur pour son approvisionnement, La Réunion est lourdement handicapée. À terme, c’est le développement même de l’île qui est en cause. Que vont devenir les projets de co-développement, notamment avec la Chine ?"
Plus que jamais, l’autosuffisance énergétique est une vision d’avenir qui s’impose et Maurice Gironcel rappelle les axes d’actions prioritaires : "Dans l’immédiat, il y a donc lieu à encourager les Réunionnais à se faire installer des chauffe-eau solaire, à inciter les constructeurs de logements à intégrer dans leur construction la pose de chauffe-eau solaire et de cellules photovoltaïques, pour un développement des installations à haute qualité environnementale."
"Sur le plus long terme, poursuit Maurice Gironcel, il faut tout faire pour introduire l’usage de l’éthanol dans la consommation automobile, développer le recours aux énergies renouvelables que sont le solaire, l’éolien, la marémotrice, le géothermique pour rendre La Réunion totalement autonome pour sa production d’énergie domestique en 2025". Les Réunionnais devront également réduire la consommation de carburant, d’où l’importance d’un réseau performant de transports en commun.

Eiffel