Arrestation et lacrymogène : violences policières en plein Ramadan

Scandale devant la mosquée de Saint-Denis

14 août 2010

Une patrouille de police en voiture à l’heure de plus grande affluence dans la rue piétonne a dégénéré ce vendredi 13 août 2010 vers 13 heures devant la mosquée de Saint-Denis. La police a fait usage de gaz lacrymogène. Les faits se sont produits au moment où une centaine de fidèles musulmans sortait du lieu de culte. Selon des témoins, des dizaines de personnes, y compris des passants et des employés des commerces voisins, ont été incommodés. La police a interpellé le jeune homme. Il s’agit du fils de Nassimah Dindar, la présidente du Conseil général.

« Quels que soient les torts des uns et des autres, il est inadmissible que des gaz lacrymogène soient tirés devant un lieu de culte en plein ramadan au milieu d’une foule de gens musulmans ou non », commente Ibrahim, la cinquantaine passée. Il est encore sous le coup de l’émotion. Il y a moins d’une demie heure que les faits se sont produits et quelque deux cents personnes de confession musulmane sont encore rassemblées aux abords de la mosquée.
Selon différents témoignages, la prière du vendredi venait de se terminer. Un fourgon de police en patrouille frôle un groupe de jeunes musulmans. L’un d’eux, en l’occurrence Abdoul-Hack s’agace et demande aux policiers de faire attention aux passants. « Le ton est monté. 4 policiers sont descendus du fourgon matraque à la main. Ils ont voulu forcer le jeune homme à monter dans le véhicule. Le jeune ne s’est pas laissé faire », raconte Yacine, un jeune témoin du ralé-poussé. « Les gens qui sortaient de la mosquée ont essayé de s’interposer et de calmer le jeu en demandant à la police de tenir compte du fait que l’on est en ramadan et de respecter la mosquée. C’est là que les choses se sont aggravées », poursuit Yacine.
De fait, les policiers appellent des renforts. Leurs collègues de la BAC (brigade anti criminalité) sont rapidement sur les lieux. « Là ils n’ont pas cherche à savoir ce qui se passait, ils ont balancé les gaz lacrymogènes. Il y avait des femmes, des enfants, des personnes âgées. Ils en ont pris plein la figure », s’insurge Réza. « On ne peut pas se comporter de la sorte devant une mosquée, un peu de respect tout de même », s’emporte l’un de ses amis. « Nous ne faisions rien de mal. Nous sommes dans une rue piétonne, une voiture de police a failli écraser le jeune et c’est lui qui se fait traiter comme un voleur. C’est normal qu’il se rebelle. On ne peut que se rebeller devant l’injustice », poursuit-il très ému. « On ne pourra pas empêcher les gens de penser qu’il s’agit d’une action ciblée contre Madame Dindar ou contre les Musulmans », s’emporte Réza.
L’attroupement s’est ensuite dispersé et le jeune Abdoul-Hack a été conduit au commissariat de la rue Malartic. Hier soir, il s’y trouvait toujours en garde-à-vue pour outrage à agent et rébellion. Mohamad Baghatte, imam de la grande mosquée de Saint-Denis, ne veut pas commenter les faits à chaud. « J’attends d’avoir pris connaissance de tous les éléments avant de réagir », explique le dignitaire religieux. Il n’a pas été témoin direct de l’événement puisqu’il se trouvait dans l’enceinte de la mosquée. « J’ai compris qu’il se passait quelque chose lorsque j’ai vu les gens se précipiter à l’intérieur le visage en larmes à cause des lacrymogènes », note Mohamad Baghatte.
Outre trois policiers légèrement blessés selon la Sûreté départementale, le responsable d’un commerce multimédia situé à proximité de la mosquée, indique que trois salariées choquées et incommodées par les lacrymogènes ont dû regagner leur domicile.


COMMUNIQUÉ

NOUS soussignés, militants et/ou responsables associatifs, syndicaux, cultuels, culturels, politiques réunis à Villèle, Saint-Paul, disons notre indignation en apprenant la nouvelle de l’agression dont nos compatriotes de religion musulmane viennent d’être les victimes au sortir de la mosquée de Saint-Denis, en ce deuxième jour du mois de Ramadan.
Cette agression est d’autant plus grave qu’elle se produit dans un climat de stigmatisation systématique de tous les musulmans.
Nous demandons donc que les responsables des forces de police présentent leurs excuses publiques et que les auteurs de ces violences injustifiables soient sanctionnés.
La Réunion est peuplée de femmes et d’hommes qui ont tous les mêmes droits, dont celui d’être respectés, y compris dans la manifestation de leur culte.

Fait à Villèle, ce 13 août 2010

Daniel SINGAÏNY Chapelle La Misère
Alain CATAYE Secrétaire Général de l’Union des Forces Agricoles
Danyél WARO artiste Bois-Rouge
Jeanine SINGAÏNY militante PCR Villèle
Maurice SINGAÏNY militant PCR Villèle
Carmina AYÉ militante PCR Plateau Caillou
Jean-Claude VINGADASSALOM militant PCR Villèle
Jean AYÉ militant PCR La Saline
Fabien REFESSE militant PCR L’Éperon
Cyrille SÉRAPHIN militant PCR Saint-Gilles les Hauts
Alexis SADEYEN militant PCR Villèle
Émilienne ATCHAMA militante PCR Villèle
Jean-Luc SINGAÏNY Association Oubli pas nout tradition tamoule Trois-Bassins
Jérémie VINGADASSALOM militant PCR Villèle
Dionis SINGAÏNY militant PCR Chemin Barrière La Saline
Nagoulen SINGAÏNY Groupe Tapou La Réunion
Antoine BOYER militant PCR Saint-Paul
Alain SÉRAPHIN militant PCR Tamatave

Gélita Hoarau : émotion et indignation

Gélita Hoarau, sénatrice de La Réunion, a fait part de son émotion et de son indignation face à la provocation policière de ce vendredi à la sortie de la grande prière de la mosquée de Saint-Denis.

« Informée des évènements qui se sont produits vendredi 13 à la sortie de la grande prière de la mosquée de Saint-Denis, Gélita Hoarau, tient à dire toute son émotion et son indignation devant ce qui apparaît être une véritable provocation.
La sortie des musulmans de la mosquée après la grande prière du vendredi, de surcroît du premier vendredi du ramadan, est toujours un moment de paix et de fraternité, propice à des échanges chaleureux et conviviaux avant la dispersion de la foule.
Il est évident que la circulation d’un véhicule de police à cet endroit, qui plus est réservé aux piétons, est apparue comme un acte en décalage complet avec le climat qui règne en cette circonstance.
L’intervention musclée et sans discernement des forces de l’ordre et l’interpellation puis l’arrestation d’un jeune sont totalement incompréhensibles et mettent en cause le respect mutuel et la fraternité pourtant nécessaires pour la bonne harmonie de la société.
Gélita Hoarau condamne une telle intervention et tient à exprimer sa solidarité à tous ceux qui en ont été victimes et à travers eux à tous les Réunionnaises et Réunionnais de confession musulmane qui se sentent profondément blessés ».


L’étrange version des policiers

La version des policiers ne manque pas de souligner la gêne. En effet, si elle était vraie, cela voudrait dire que des policiers ont pour mission d’être en faction devant l’entrée de la mosquée de Saint-Denis à l’heure de la sortie de la grande prière du vendredi. Tous les témoins présents et les nombreux enregistrements ne manquent pas de contredire sur le champ ce que la direction de la police affirme.
Bien entendu, le commissaire Pech, chef de la Sureté départementale, rejette bien sûr toute volonté de nuire à quiconque. « Les fonctionnaires de police étaient en surveillance ainsi qu’ils le font quotidiennement. Le fourgon ne roulait pas. Il était stationné, vitres ouvertes. En passant devant les fonctionnaires, le jeune homme les a insulté sans raison. Les policiers sont alors descendus du véhicule pour procéder à une vérification d’identité. La personne s’est rebellée », explique le commissaire Pech. « Comme les fidèles sortaient de la mosquée, il y a eu très vite un attroupement. Les fonctionnaires ont été bousculés. Des gens ont essayé d’extraire le jeune homme du véhicule de police. La Brigade anti criminalité est alors intervenue et il y a eu un jet de gaz lacrymogène en aérosol », dit encore l’officier.

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Messages

  • 5000 manifestants selon les organisateurs, 250 selon la police. On peut toujours aller voir du côté des caméras de surveillance installés le long de la rue piétonne pour vérifier quelle version se rapproche le plus de la vérité. Le coup du jeune en état de jeûne qui insulte les policiers en sortant de la mosquée ressemble à une mauvaise blague. Allez Monsieur Pech, un effort... vous pouvez encore mieux faire...

  • la version des policiers c’est qu’ils étaient angle rue m.leclerc et AUBER !et que le jeune les a insulté a de plusieurs reprises !!
    Il y a deja incohérence, on peut voir sur la photos le camion des policiers en plein milieu de la rue M.leclerc !
    Donc la version des policiers sont fausse donc mensonge,donc ils veulent caché et ne pas avouer leur tord, voir un règlement compte personnel ou indirect !!

  • Ha la police lé fort pou comerage mais pa pour défendre les victimes !
    Même après bcp de témoignage Des personnes présent au moment des faitS
    il continu tjrs anier les faits !
    Puis arrêtée de dire qu’il était garée car la rue pietone les pa fé pou loto T !
    Parce lé policier d’ ici y croi zot supérieur o otre car c de la police !!
    Si zot y veu roulé alé su 4voi apreci la ba !!
    Tjrs comerage quand zot n’a travail serieu pou fait zot y fé pa
    quand zot lé en tor y cach la veritee !!!
    Ben ouii alors pas croyabl ouiiii !!!
    Mi wa pas koiii y sa fait mal zot bouch pou demande marmaille la
    pardon sans oublier toute les personnes que zot la blesser !!!
    Hé la police prend ton courage en main et dé toi pardonnée !!!

  • C’est une honte de voir les forces de l’ordre devenir celles du désordre ! Comment laisser ainsi agresser nos compatriotes musulmans. Je ne suis ni de la Réunion ni de confession musulmane mais je suis très en colère devant l’intervention policière stigmatisante. Quel est le but ? Ici tout le monde vit en paix sa religion, le dialogue inter-religieux est réel et tous se sentent bien y compris les athées. Si on respecte autrui à La Réunion, on a le même respect en retour. Si L’Hexagone s’était inspiré de la Réunion, on aurait jamais connu ce problème du foulard d’un ridicule achevé. Nous devons tous nous faire entendre pour que cette terre de paix en demeure une et réclamer le droit pour les Musulmans à vivre paisiblement leur religion et leur mois de Ramadan !

  • السلام عليكم

    Je ne suis pas originaire de l’ile de la réunion, mais une simple musulmane de France (actuellement à l’étranger) , j’ai pu avoir connaissance de ce qui s’est passé via un blog http://www.al-kanz.org/, et pourtant je lis l’actualité via des sites d’information (lci, france24 etc dont je ne veux surtout pas leur faire de publicité) et pourtant "rien" n’a été mentionné sur cette "bavure" policière, HasbonAllah wa ni’mal wakiil !!!
    Il ne parle que de l’alerte à la bombe à Lourdes , et comme par le plus grand des hasards en pleine stigmatisation de la population musulmane de France... les musulmans vont encore se trouver dans la position du "suspect numéro 1" , à croire que tout est manigancé pour encore plus enfoncé le clou. C’est lamentable de voir à quoi ils en sont réduit pour encore un peu plus monter ce sentiment de haine envers note communauté, Allah al mosta’an !!!
    l’invocation de l’opprimé est de rigeur .
    Je suis de tout coeur avec vous mes soeurs et frères en islam, ne vous laissez pas faire, je félicite la personne qui a eu la réaction de prendre une vidéo sur le vif.
    Allahomma nçorna ’alal kaafiriin !amin

  • Le Racisme a changé de couleur, il reste malgré tout, ici, colonialiste mais surtout anti-réunionnais. Aujourd’hui, c’est un musulman, qui plus est, est descendant de la Présidente du Conseil Général de la Réunion, qui subit cette forme de raciste, à fortiori, policière. Ce qu’il ne faudrait pas croire et encore moins l’admettre c’est que cette forme de racisme ait une connotation anti-islamique, non surtout pas, par contre elle est anti-réunionnaise.
    Il y a fort longtemps combien de réunionnais sont tombés devant les forces de l’ordre, c’était du racisme colonial,anti-réunionnais.
    Avant-hier, un professeur disait, haut et fort dans le tribunal : " Je suis blanc et de toute façon, ici c’est des nègres et tous des p ..." pour un professeur assermenté c’est du racisme colonial,anti-réunionnais.
    Hier encore, un proviseur déclarait à propos de notre lange créole, bien vivante : «  Vous n’enseignerez jamais cette merde chez moi ! ». Un proviseur assermenté, c’est quoi ça : c’est du racisme colonial,anti-réunionnais.
    Aujourd’hui, on s’en prend à un Réunionnais musulman au sortir de la mosquée. Ce sont des policiers assermentés qui ont agi ainsi, c’est encore et toujours du racisme colonial,anti-réunionnais.