Le directeur des unités de Bois-Rouge, Pascal Langeron, après le désistement d’un candidat parmi les six postes d’assistants de conduite à pourvoir au sein de son entreprise, a retenu une candidature hors département, sans concertation préalable avec les représentants du personnel.
Mardi dernier, un préavis de grève était déposé à la centrale thermique de Bois-Rouge, puis à celle du Gol, qui a rejoint le mouvement de revendication. Le personnel estime qu’à compétence égale, la direction se doit de recruter localement.
Vendredi, la négociation entre les représentants syndicaux de la CGTR-EDF et la direction, n’a abouti qu’à un renforcement des positions respectives. Patrick Hoareau, secrétaire général de la CGTR-EDF, déplore le manque de "de discussion transparente avec les salariés." Il estime que la direction ne doit pas " fuir la réalité du chômage à La Réunion" et que "les enjeux de ce conflit sont considérables pour les futures embauches."
Pour sa part, le directeur des unités de Bois-Rouge estime que le motif du préavis de grève n’ayant pas de caractère professionnel, n’est pas licite.
Durant près de deux heures, dans la soirée d’hier, les représentants syndicaux ont été entendus à la Direction du travail, par son responsable et celui de la DRIRE. "Le directeur départemental a bien compris le problème", nous confiait Patrick Hoareau, au sortir de l’entrevue.
"Nous avons accepté une nouvelle réunion de discussion avec la direction demain, mais des coupures restent toujours possibles", prévient néanmoins le syndicaliste. "Nous souhaitons que la direction de Bois-Rouge aménage sa position, et rappelons que nous ne cherchons pas à prendre ni la population, ni l’économie de La Réunion en otage, mais qu’il s’agit de défendre ses intérêts."
Si Patrick Hoareau reconnaît que le débat sur la “préférence régionale” est d’actualité, il estime que c’est un sujet politique et que le mouvement des centrales de Bois-Rouge et du Gol a quant à lui une portée sociale. Alors que la campagne sucrière est favorable, que la période est propice pour la récolte, l’on ne peut qu’espérer un dénouement rapide et favorable pour tous.

Estéfany

Point de vue des syndicalistes

Vendredi soir, les sections syndicales CGTR EMS/STP ont publié un communiqué affirmant qu’elles "se sont présentées ce jour à la demande des directions des centrales de Bois Rouge et du Gol à une réunion de négociation suite aux préavis de grève du 24 août dernier.
Les parties prenantes à cette négociation n’étant parvenues à aucun consensus, le préavis de grève est maintenu avec effet dimanche à partir de minuit".
Les sections syndicales tiennent à "avertir la population sur le débat que tentent d’ouvrir les directions de ces sites, à savoir l’aspect discriminatoire qui les réhabiliterait de la décision prise sur un recrutement".
Elles dénonçent "l’attitude et le comportement irréfléchis de ces responsables", ainsi que "leurs propos" et mettent en garde contre la suite des événements et des modalités qui en découleront "si les directions maintiennent leur orientation actuelle".
En effet, les salariés réaffirment qu’elles sont pour le recrutement de candidats locaux et "ne cautionnent pas cette politique “évinçant” des jeunes diplômés sur le plan local. Si pour une position ferme, ces responsables veulent mettre en péril le tissu économique et prendre de fait la population en otage, ils assumeront leurs responsabilités".
Les sections syndicales CGTR EMS/STP des centrales thermiques de Bois Rouge et du Gol demant officiellement au Préfet de mettre en place un médiateur, "afin d’éviter que le conflit s’enlise".

Inquiétudes des planteurs

Samedi dernier, les commissions mixtes d’usine (C.M.U.) de Bois rouge et de Beaufonds ont publié le communiqué suivant : "Suite au conflit interne des compagnies thermiques des usines du Gol et de Bois-Rouge, au sujet d’une décision d’embauche contestée, les agriculteurs font part de leur inquiétude quant à l’impact de ces grèves sur le bon déroulement de la campagne actuelle.
À cet effet, les membres des commissions mixtes d’usine (C.M.U.) de Bois Rouge et de Beaufonds se sont réunis conjointement samedi. Ils se sont mis d’accord sur les points suivants :

- Ils n’entendent pas se prononcer sur la nature du conflit actuel interne aux centrales thermiques ;

- Ils jugent inacceptable que la filière soit prise en otage, à l’heure où la profession est mobilisée face à des enjeux majeurs pour son avenir ;

- Ils demandent fermement que tout soit mis en œuvre, et restent mobilisés dans ce sens, pour permettre le déroulement normal du travail dans les centrales, soit le démarrage de la sucrerie aujourd’hui à partir de minuit et la livraison habituelle des cannes sur les centres de réception à 6 heures".