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L’Espagne de plus en plus dans la crise
L’Europe continue de s’enfoncer
vendredi 27 juillet 2012, par
En dépit des plans de rigueur mis en place depuis mai 2010, l’Espagne ne parvient pas à réduire son déficit public. L’annonce récente d’un plan d’aide par la Troïka a rassuré les marchés, mais de courte durée. En effet, le gouvernement de droite va devoir faire face à des taux d’emprunt inaccessibles pour le pays.
Le ministre espagnol des Finances, Luis De Guindos, s’est entretenu mercredi 25 juillet avec son homologue français Pierre Moscovici, ces derniers ont réaffirmé leur confiance en la capacité de l’Espagne à renouer avec une croissance durable et à sortir de la crise, à l’instar du ministre allemand la veille.
L’Espagne capable de rembourser
Dans un communiqué commun, les deux parties ont indiqué que le niveau actuel des taux d’intérêt imposés à l’Espagne, soit un taux à 10 ans de +7%, « ne reflète pas les fondamentaux de l’économie espagnole, son potentiel de croissance et la soutenabilité de sa dette publique ». Le discours politique se veut rassurant et confiant vis-à-vis de la capacité de remboursement de ses dettes par l’Espagne, mais la réalité risque de les rattraper, car les investisseurs s’inquiètent de la spirale dans laquelle s’est engouffré le pays et craignent que la politique d’austérité soit un échec complet, cette dernière est d’ailleurs devenue un facteur d’inquiétude pour les marchés.
A l’instar de l’Irlande avant elle, l’Espagne devra compter sur un sérieux plan d’aide pour pouvoir sortir de cette crise, a expliqué Xavier Timbeau, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques. La difficulté aujourd’hui pour le gouvernement espagnol n’est pas la finance publique, mais le secteur bancaire. Comme l’a expliqué Laurence Boone, économiste en chef Europe chez Bank of America, le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero n’a pas purgé le marché immobilier, lors de la bulle immobilière de 2007-2008, il a restructuré son secteur bancaire dans l’opacité, en cachant notamment le montant réel de la dette de l’État et des régions.
Dans un tel contexte, l’État a tenté de retrouver l’équilibre en taillant dans les dépenses publiques et en mettant en place quatre plans de rigueur. Mais la situation économique, la détérioration des comptes publics et les difficultés du problème bancaire ne donnent pas d’espoir à une sortie de crise imminente.
Des risques de sortie de la zone euro
La situation espagnole fait rappeler le cas de la Grèce et des inquiétudes autour d’une possible sortie de la zone euro du pays. « Certains responsables étrangers disent que la Grèce ne va pas atteindre ses objectifs, ils sapent l’effort national, alors que nous faisons tout ce que nous pouvons pour que le pays reste debout », a déclaré mardi le Premier ministre grec, Antonis Samaras. Actuellement, le gouvernement grec tente de maintenir le pays dans la zone euro et devra rendre un rapport sur l’état des finances du pays, afin de se voir attribuer ou pas la suite du plan d’aide. Toutefois, la menace persiste, le vice-chancelier allemand et leader du parti libéral, Philipp Roessler, a déclaré à la presse que « pour de nombreux experts, pour mon parti et pour moi, une sortie de la Grèce de la zone euro a perdu de son horreur il y a longtemps ».
« La possibilité d’organiser la sortie de la Grèce de la zone euro ramène à la question de savoir si le pare-feu européen est suffisamment solide pour contenir le choc, analyse Michala Marcussen, chef économiste de la Société générale CIB. Notre avis ? Il ne l’est pas ». Car une sortie de la zone euro de la Grèce ou de l’Espagne pourrait entrainer les pays détenteurs de la dette de ces États à de graves risques de faillite. Pour sortir de la crise, Xavier Timbeau et d’autres économistes proposent de mutualiser les dettes, ce qui « permettrait de mettre en commun un programme d’austérité bien tempéré et qui n’aurait pour objectif que la soutenabilité des finances publiques à long terme ».
Céline Tabou