La difficile évolution vers une agriculture respectueuse de l’environnement
25 octobre 2012
Malgré la pression financière exercée sur l’agriculture classique, du fait de la baisse des prix de vente face à une augmentation sans cesse croissante des prix de production, les agriculteurs ont du mal à effectuer le virage vers l’agriculture biologique. Au-delà de la méfiance envers de nouveaux procédés, de nombreux freins viennent gêner cette expansion.
L’agriculture biologique rencontre un avis très favorable chez une majorité des consommateurs, inquiets des méfaits de l’agriculture dite conventionnelle, forte consommatrice d’intrants. Dans l’assiette d’un consommateur lambda peuvent se retrouver en moyenne 20 à 30 résidus de pesticides par jour. Pourtant du côté des producteurs, le passage à l’agriculture bio a du mal à se faire pour plusieurs raisons dont en premier lieu, le coût de la reconversion mais aussi le manque de centre de formation, de recherche et de centralisation des acquis de projets et programmes agricoles biologiques ainsi que la difficulté pour les jeunes de créer ou de reprendre une exploitation…
« L’agriculture biologique est un mode de production spécifique garantissant d’une part les équilibres écologiques et d’autre part la fertilité des sols. L’agriculture biologique réside dans la recherche d’alternatives à l’agriculture conventionnelle notamment par le non-recours aux intrants chimiques. Elle constitue une activité en développement face à une demande croissante des consommateurs pour une alimentation saine et répond également à la volonté de s’orienter vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement s’inscrivant dans un développement durable », explique le site de l’ODEADOM (Office de développement de l’économie agricole d’outre-mer). Son développement affiche une croissance lente mais constante.
0,4% de la surface agricole totale
À La Réunion, la part de l’agriculture biologique est bien en dessous de la moyenne nationale déjà minime de 2%. Les dernières statistiques concernant l’agriculture biologique en France datent de 2009. La surface totale brute occupée par l’agriculture biologique réunionnaise est d’un peu plus de 188 ha sur une surface agricole utile (SAU) des exploitations de 44.554 ha, soit 0,4%. Chiffre très insuffisant comparé à l’objectif fixé en 2007 par le plan d’action "Agriculture biologique : objectif 2012", qui espérait 6% de la SAU en bio à l’échelle nationale.
En 2009, La Réunion comptait 34 agriculteurs bios : 5 agriculteurs et 2 entreprises de transformation en zone Nord/Nord-Est, 12 agriculteurs dans l’Ouest, et encore 15 agriculteurs dans le Sud, première région de production agricole de l’île avec des exploitations de petite taille, entre 2 et 5 ha. Ces exploitations concernent principalement le maraîchage et l’arboriculture avec de petits élevages assurant une autonomie en fertilisant.
Dans l’océan Indien, le Projet Initiative Régionale pour l’Adaptation de la petite agriculture au Changement Climatique dans les îles de l’océan Indien par la diffusion de l’agro-écologie (IRACC) a été mis en place pour la période 2012. Il peine à trouver ces marques malgré le fait que « les pratiques agro-écologiques ne sont pas nouvelles et le concept est compris par les petits exploitants » comme l’explique Tahina Rakotondralambo, chef du projet IRACC dans une interview publiée sur le site d’ACCLIMATE. « À travers le projet IRACC, les pays ont commencé à réaliser l’importance de l’adaptation de l’agriculture face aux effets du changement climatique. Les inventaires des techniques agro-écologiques ont démarré, un annuaire des pôles de compétences du secteur agricole est effectué, des groupes de travail sont créés servant de plateforme d’échanges et un réseau d’acteurs a été mis en place pour renforcer les échanges d’information régionaux », analyse-t-il de la progression du projet.
« La route est encore longue pour maîtriser l’approche agro-écologique, mais d’ici la fin du projet IRACC, on espère renforcer le réseau d’acteurs qui a été mis en place afin que ceux-ci continuent à échanger et à s’entraider de manière volontaire pour faire avancer les pratiques agro-écologiques à l’échelle régionale ». Pour Tahina Rakotondralambo, les engagements politiques en faveur d’une agriculture respectueuse de l’environnement restent insuffisants.
Des dispositifs incitatifs
En France, des dispositifs existent afin d’aider les agriculteurs désireux de s’engager dans une démarche d’agriculture biologique. Les mesures agro-environnementales (MAE) valorisent les efforts entrepris par les agriculteurs pour faire évoluer leur système vers la durabilité.
À La Réunion, le dispositif se veut plus incitatif en faveur des agriculteurs réunionnais qui s’engagent, pour une période de cinq ans, à adopter des techniques agricoles respectueuses de l’environnement allant au-delà des obligations légales. En échange, ils perçoivent une aide financière qui compense les coûts supplémentaires et les pertes de revenus résultant de l’adoption de ces pratiques, prévues dans le cadre de contrats agro-environnementaux. La Direction de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Forêt (DAAF) a obtenu pour l’année 2012 une révision des montants d’aide des MAE.
Les mesures applicables à l’ensemble du département de La Réunion sont disponibles le site de la Chambre d’Agriculture.
Dans le même temps, la Chambre d’Agriculture et l’ARER ont décidé de co-accompagner les porteurs de projets dans la réalisation d’initiatives d’énergie biomasse.
Aujourd’hui, l’agriculture est à un tournant, entre industriel et respect de l’environnement. Si le passage sans à-coup de l’un à l’autre semble plus qu’improbable, il est temps face au changement climatique et à une augmentation inéluctable des produits pétroliers d’apprendre à concilier agriculture durable et de production. Pour cela, la volonté politique doit seconder la volonté de la population pour une nourriture plus saine.
L’agriculture bio oui mais comment ? L’agriculture biologique se base su plusieurs principes de bases. C’est un mode de production utilisant des pratiques culturales et d’élevages soucieuses du respect des équilibres naturels. Elle exclut l’usage des produits chimiques de synthèse, des OGM et limite l’emploi d’intrants. Voici les bases de sa mise en œuvre et les différentes sortes de cultures biologiques : • La lutte biologique et la confusion sexuelle sont privilégiées pour les cultures des parasites, et des insectes ravageurs, par exemple par l’emploi d’insectes entomophages, • L’utilisation de produits phytosanitaires est autorisée en agriculture biologique (cuivre, soufre, pyréthrines, etc.). • Les cultures associées La combinaison de plusieurs espèces végétales sur une même parcelle, limite la prolifération des parasites et ravageurs, et permettent parfois des gains de productivité. • La permaculture Méthode de conception qui permet de planifier les cultures, entre autres choses, de manière à exploiter au mieux les conditions climatiques et géographiques locales, et à maximiser les interactions entre les cultures. • L’agroforesterie L’intégration d’arbres aux exploitations agricoles, qui permettent une valorisation du travail et/ou du terrain. • Les techniques culturales simplifiées Elles limitent le travail du sol par l’absence de labour et utilisent des rotations de cultures performantes. • Le semis direct sous couvert Il permet de restituer au sol les nutriments prélevés, d’entretenir les bactéries permettant leur assimilation par les plantes, et de limiter le développement des adventices. Cette technique issue de l’agriculture de conservation est assez délicate en agriculture biologique à cause de la gestion des adventices, même si le risque est plus faible qu’avec les techniques culturales simplifiées (présence de paillis protecteur, mortalité plus importante des graines non désirées qui restent en surface). • Le compostage et le paillis permettent de restituer les nutriments prélevés au sol, de limiter les méfaits des intempéries, et d’entretenir le développement de l’humus. • Les purins qui sont avant tout des fertilisants, mais qui auraient aussi des effets sur les ravageurs. La micro-agriculture biointensive. |