Paludisme

31 mars 2007

Bonjour, je m’appelle Nathalie, j’ai 35 ans et je souhaitais témoigner de mon expérience sur le paludisme, ayant été victime de cette terrible maladie. On est loin d’en imaginer la réalité. En fait, on vit dans une inconscience totale lors de nos divers voyages ! Concernant ces "moustiques", on est très loin de pouvoir s’imaginer que l’on puisse en arriver là où moi j’en suis arrivée !
C’est pourquoi, je voulais simplement vous relater mon expérience, afin de vous dire : attention, soyez prudents et vigilants !
Je réside depuis près de 2 ans en France, afin de me "remettre" physiquement et moralement du coma subi. Je reste encore très affaiblie, mais je puis affirmer qu’après 2 ans, je commence à me sentir dans une condition physique quasi normale.
Ayant passé plus de 30 ans en Afrique et dans divers pays, je me suis vue dégringoler subitement un jour et sans comprendre ce qui m’arrivait. Je prenais pourtant régulièrement de la Nivaquine depuis de nombreuses années. Etant née au Congo, je fus nourrie comme tous les bébés au sirop ! Beurk, ce goût amer me poursuit encore aujourd’hui ! La Nivaquine faisait partie de notre vie au quotidien ! 32 ans après, alors que je séjournais au Sénégal, pourtant un pays moins "touché" visiblement par le Plasmodium Falciparum, je fus pourtant terrassée par une fatigue incroyable, et je me retrouvais maigre comme jamais ! J’avais surtout des céphalées permanentes, cela me piquait au niveau du front, comme si on me passait un fil de fer par les narines pour en extraire quelque chose. J’en suis venue à consulter un médecin sur place pour m’entendre dire que je souffrais d’une « dépression » et que je devais ainsi ingurgiter du "Prozac". J’étais outrée, moi, une dépression ? Je vivais depuis tant d’années en Afrique avec ma fille, et le corps médical, subitement, me gratifiait et m’affublait d’une dépression nerveuse ! Certes, j’étais fatiguée et je pleurais facilement, mais de là à être dépressive ! J’en avais pourtant vu d’autre ! Je refusais net ce verdict et je décidais de partir quelque temps me reposer en France.
Là, ce fut effectivement la descente vertigineuse et la pente glissante ! Incroyable ! Toujours des maux de tête en permanence ; puis je perdis tout d’abord l’équilibre et j’avais de plus en plus de mal à marcher. Il fallait que je me tienne à une épaule, sinon il ne m’était plus possible de faire un pas toute seule. Puis, ma vue déclina, et finalement, un jour, je n’ai plus pu parler... Finalement alitée, je fus traitée pour autre chose. Les médecins en Métropole étaient loin de s’imaginer, dans mon cas particulier, avoir à faire à un Plasmodium, par le seul fait d’avoir été traité par un médecin de Dakar. Je continuais ainsi ma descente lente et inexorable en enfer...
Une nuit, alors que je me rendais tant bien que mal aux toilettes, je ne sais pas pourquoi d’ailleurs, puisque j’étais devenue incontinente par le fait de ma maladie, et ne me donnant même pas la peine de vouloir ou pouvoir me déplacer, je me retrouvais au milieu du couloir à donner des ordres à mon cerveau pour que lui fasse ce qu’il faut au niveau de mon corps. Que nenni, rien à faire ! Je restais plantée là à uriner au beau milieu du couloir, inerte ! Un peu plus tard, j’entendais de l’agitation autour de moi, je ne voyais rien, je ne réagissais pas, je ne bougeais pas, mais j’entendais ! Cela faisait un drôle d’effet, je vous assure ! Puis l’ambulance... et soudain, plus rien, le néant, le black out total.
Je fus transférée de toute urgence à l’hôpital. Mon père fut immédiatement alerté, et il vint au milieu de la nuit, après un long périple, me trouver aussitôt à mon chevet. La situation semblait critique, et cela ne laissait rien présager de bon puisqu’on l’a autorisé à rentrer dans l’hôpital en pleine nuit ! Aussi bizarre que cela puisse paraître, je l’ai bel et bien vu auprès de moi cette nuit-là, mon père, et il ne m’a pas quittée une seule minute. Le lendemain, j’émergeais de mon coma et remontais petit à petit la pente.
Je ne sais pas encore aujourd’hui comment et par quel miracle je m’en suis sortie. Je garde le souvenir d’amis et connaissances qui "partirent" en 2 jours d’un Plasmodium Falciparum à Dakar. Quant à moi, ma descente aux enfers aura duré quelques 10 jours.
Il m’aura fallu un long moment avant de pouvoir marcher à nouveau, à retrouver la vue, l’ouie, bref, les sens que j’avais perdus.... Et aujourd’hui, je me retrouve quasiment sans séquelles, mais à pouvoir témoigner et brandir une pancarte : "Attention, ça n’arrive pas qu’aux autres !"
Je tenais à remercier, à travers ce site, le Docteur Gervais (et toute son équipe), du CHU de Nîmes sans qui je ne serais plus là pour écrire ces quelques mots.
Donc, Un Grand Merci Encore Docteur, vous avez été formidable !!!!
Ainsi que le CHU d’Ales qui a su me transférer à temps !!

Nathalie


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