Hausse des prix à La Réunion

Sortir de l’écrasante dépendance au pétrole

3 août 2006

La nouvelle hausse des carburants amène à s’interroger sur les moyens pour limiter la part des hydrocarbures dans le fonctionnement de la société réunionnaise.

Depuis ce matin, les prix des carburants augmentent de nouveau. Un communiqué de la Préfecture annonce le litre de super à 1,38 euro (+2,98%), celui de gazole à 1,03 euro (+4,04%). Quant à la bouteille de gaz, son prix diminue de 8,18%. Depuis ce matin, ce produit utilisé par tous les Réunionnais peut être échangé contre 18,53 euros.
Compétente dans la fixation des prix des carburants, la Préfecture justifie cette décision par "l’augmentation très sensible des cours du pétrole brut sur le marché international depuis plusieurs mois liés à l’augmentation de la demande et au contexte international politique" qui "a produit ses effets au cours du trimestre de référence".

Or, les facteurs invoqués sont là pour durer, ils structurent le monde. L’augmentation de la demande est due à l’adoption progressive d’un mode de développement industriel de la part de pays qui sont des géants démographiques. Elle est aussi provoquée par le mode de vie des habitants des pays industriels avec la part très importante de l’automobile dans les déplacements, et la difficulté de remettre en cause ce comportement même s’il est responsable de graves attaques contre l’environnement et le droit de vivre des prochaines générations.

Des facteurs de hausse durables

L’autre raison est le "contexte politique international". L’aggravation de la situation au Proche-Orient avec la guerre au Liban pèse en effet sur le prix du brut. Ce dernier est déjà dopé par d’autres conflits dont on ne voit pas pour le moment l’issue. L’occupation en Irak et les menaces de guerre en Iran ont pour point commun d’avoir lieu à la surface des plus importantes réserves mondiales de pétrole.

On pourrait ajouter un troisième facteur qui ne figure pas dans le communiqué de la Préfecture : combien d’années restent-ils avant que la situation soit hypertendue entre l’offre et la demande. Car il ne fait pas de doute que lorsque la production ne pourra plus suffisamment satisfaire à une augmentation permanente, le prix du baril de pétrole ne pourra que s’envoler vers les sommets. Cela sonnera alors le glas d’un des avantages du pétrole dont on ne pourra plus dire qu’il sera une énergie bon marché.

Devant ce constat et ces perspectives, l’urgence d’une moindre dépendance énergétique de notre île se pose de manière encore plus cruciale. Car pour le moment, hausse du pétrole signifie hausse du prix des carburants. Les répercussions sont visibles dans le prix des billets d’avion et le coût du fret maritime pour ce qui concerne l’ouverture de La Réunion sur le monde et toutes les importations. L’autre impact se retrouve dans le prix des produits transportés par la route, c’est-à-dire sur tout ce dont les Réunionnais ont besoin pour répondre à leurs besoins de première nécessité.

Se libérer du pétrole

À La Réunion, les forces vives travaillent à lutter contre cette dépendance, pour que les Réunionnais ne soient pas les otages de facteurs sur lesquels ils n’ont pas les moyens de peser. Limiter la part des hydrocarbures dans l’énergie dépensée dans les déplacements, c’est un des enjeux du tram-train. Quant à aller vers l’autonomie énergétique en matière de production électrique, c’est un autre volet qui va dans le sens d’une moindre vulnérabilité de La Réunion face à tous ces événements et autres facteurs structurels.
Les projets sont sur les rails, mais la bataille n’est pas encore gagnée. De son issue dépend le développement durable de La Réunion, pour aller vers une île libérée du poids considérable du pétrole dans la société réunionnaise.

Manuel Marchal


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