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Un cimetière d’esclaves découvert à Saint-Paul

jeudi 23 juin 2011, par Cinthia Fontaine


Une découverte exceptionnelle a été faite hier matin lors des fouilles menées sur le côté mer du Cimetière marin de Saint-Paul. La découverte d’un crâne dont les dents taillées en pointe certifie la provenance africaine et par la même la condition d’esclave du squelette a été sortie de son carcan de sable.


Pour l’historien et représentant de l’Université Sudel Fuma « c’est la preuve à 99% qu’il s’agit d’un cimetière d’esclaves. C’est un moment exceptionnel pour La Réunion », a-t-il souligné. « Avant 1820, il existait une séparation très nette entre les cimetières pour les esclaves ou les colons. Les textes établis en 1820 obligeant l’inhumation des esclaves en terre consacrées n’ont semble-t-il pas toujours fait effet », explique-t-il. La découverte de ce matin permettra tout le monde, on l’espère de faire des découvertes sur les conditions de vie à cette époque.
Une douzaine de squelettes ont été retrouvés lors de cette opération de fouilles débutée le 14 juin. L’opération est menée par la mairie en collaboration avec la Direction des affaires culturelles océan indien et l’Université et fait suite à la fouille de sauvetage et d’évaluation après la découverte de deux squelettes déterrés par le cyclone Gamède en 2007. Après 7 sondages dont 5 se sont révélés positifs qui ont permis de délimiter un périmètre qui augmente la taille du cimetière actuelle de 2.000 mètres carrés côté mer, l’équipe d’archéologue a décidé d’approfondir les fouilles sur une section d’une vingtaine de mètres carrés. Ce qui a mené à la découverte de ce matin. Sur les douze corps retrouvés, on retrouve sensiblement le même nombre d’hommes et de femmes ainsi qu’un fœtus. Certains squelettes sont superposés. Les têtes sont dans un axe d’ouest en est comme dans la tradition catholique. « C’est un espace funéraire organisé, dont on voit les signes d’une pérennité de l’emploi », commente Bruno Bizot, conservateur du patrimoine à la Direction générale des affaires culturelles Provence-Alpes-Côtes d’Azur. Le problème réside dans la conservation des ossements découverts. En effet, ils commencent à s’altérer dès leur apparition à l’air libre. En 2 heures, ils se dessèchent. Et en 4 heures ils peuvent se réduire à l’état de débris. À l’heure actuelle, il s’agit de prendre toutes les précautions nécessaires à la conservation des ces os. Selon, les possibilités de leur état, des analyses et des études approfondies seront faites afin d’en apprendre plus sur les conditions de vie des esclaves, leur santé, leur espérance de vie, et les souffrances endurées ainsi que sur l’origine de ces dépouilles.
Pour la mairie de Saint-Paul et la députée-maire Huguette Bello, « la découverte de ces sépultures à Saint-Paul ouvre incontestablement une nouvelle page dans la connaissance de notre Histoire. Elle conforte aussi l’idée qu’il faut développer les travaux archéologiques à La Réunion ». Elle compte faire de ce lieu, un mémorial à nos ancêtres qui ont subi l’esclavage.
« Cette découverte justifie encore plus l’importance de ce travail de mémoire que nous devons faire » ont tenu à souligner Yvrain Rosaly et Daniel Durieus du Komité Éli venu se recueillir pour cette découverte importante d’un pan du patrimoine réunionnais malheureusement renié par certains.

CF


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Messages

  • Découverte formidable qui permettra de mieux connaître les conditions de vie des esclaves et sans doute de remettre en question les lieux communs sur l’esclavage. A la Guadeloupe, l’archéologie d’un cimetière a permis de mettre en lumière la brutalité de l’esclavage : traces d’os brisés, malnutrition, âge moyen des décès autour de 30 ans. Espérons que ce n’est pas encore un mémorial qui sera construit, couvrir l’île de stèles n’est pas un geste éducatif.

  • il faut mettre en évidence tous les dépassements que le genre humain a connu a travers les ages ce n’est qu’a cette seule condition que l’être humain pourra bannir a jamais toute forme de racisme.


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