APRÈS LA DÉCLARATION DE POLITIQUE GÉNÉRALE DE VILLEPIN

Réactions réunionnaises

10 juin 2005

(pages 2 & 3)

Le Groupe Communiste Républicain et Citoyen du Sénat

"Un plan d’urgence pour l’emploi spécifique dans les D.O.M."

Mercredi dernier, pendant que Dominique de Villepin faisait son discours de politique générale devant les députés, son Premier ministre-bis et frère ennemi Nicolas Sarkozy lisait le texte de cette allocution aux sénateurs. Hier, ces derniers en ont débattu et ont voté pour ou contre les orientations de la politique gouvernementale.
Nicole Borvo, présidente du Groupe Communiste Républicain et Citoyen du Sénat est intervenue au cours de ce débat pour dénoncer les choix du gouvernement et faire des propositions constructives, notamment en matière de lutte contre le chômage. "Des propositions en rupture avec les politiques libérales, toutes mesures qui n’ont pas été essayées !", a dit la sénatrice de Paris.
En fin d’après-midi, Guy Fischer, sénateur du Rhône et vice-président du Sénat, est intervenu également au nom du Groupe Communiste Républicain et Citoyen pour expliquer son vote et celui de ses collègues contre les propositions de Dominique de Villepin. "Au-delà des mots, au-delà des formules, vos propositions concrètes, M. le Premier Ministre, relèvent effectivement d’une impulsion, mais d’une impulsion libérale", a notamment déclaré l’élu rhodanien.
En concertation avec Gélita Hoarau, il a également évoqué les problèmes spécifiques de l’Outre-mer. Loin des formules poétiques employées par le chef du gouvernement, Guy Fischer a conclu par "un dernier mot concernant l’outre-mer" pour attirer l’attention du gouvernement sur la gravité des problèmes dans nos pays.
"La situation économique et sociale y est particulièrement alarmante avec, notamment, dans les DOM, les menaces sur la filière-canne et sur la production de la banane et un taux de chômage extrêmement élevé, atteignant jusqu’à 33% à La Réunion", a déclaré l’élu communiste.
Et d’ajouter : "Une telle situation nécessite en elle-même un plan d’urgence pour l’emploi spécifique et réellement adapté aux exigences des populations ultramarines et à élaborer avec les forces vives de ces populations. M. le Premier ministre, nous ne vous accorderons pas notre confiance".


o Christophe Payet, député socialiste

"Que les Réunionnais se rassemblent pour formuler des propositions"

Le député réunionnais Christophe Payet a publié hier le communiqué suivant à propos du discours de politique générale prononcé la veille à l’Assemblée nationale par Dominique de Villepin :
"Suite aux résultats du référendum du 29 mai dernier, le Premier ministre était très attendu sur la question de l’emploi, de la sauvegarde du modèle social français et sur la défense des services publics, fragilisés par le contexte global de déréglementation et de mondialisation des échanges.
Outre-mer, et à La Réunion en particulier, le caractère massif du chômage et de l’exclusion sociale, qui frappe une majorité de jeunes, a renforcé cette attente.
Force est de constater que dans une allocution de près d’une heure, l’Outre-mer méritait plus qu’un simple clin d’œil en raison précisément de sa situation spécifique au sein de la République et particulièrement de la situation économique et sociale difficile des régions ultramarines.
Si l’on peut s’interroger sur la pertinence des mesures dévoilées par le Premier ministre pour lutter contre le chômage au niveau national, on peut sans se tromper affirmer qu’elles ne sont pas de nature à répondre à la gravité de la situation qui affecte notre île. Pour l’essentiel, elles s’inscrivent dans le prolongement d’une politique qui a déjà montré ses limites et son inefficacité.
Il faut cesser de donner de faux espoirs à la jeunesse réunionnaise par la mise en œuvre de nouveaux dispositifs aléatoires quand ceux existant sont, soit purement et simplement supprimés, soit gravement mis en cause. Ainsi, alors même que le nombre d’emplois CES, CIA et CEC est gravement diminué, il est proposé le développement des contrats RMA, contrats d’avenir ou contrats d’accompagnement qui ont fait la preuve de leur difficulté de mise en œuvre et de leur inefficience.
II importe en définitive, face à l’absence de réponse ambitieuse du Gouvernement à l’attente et à l’inquiétude exprimées par notre population, que les Réunionnais eux-mêmes se rassemblent pour formuler dans les meilleurs délais des propositions concrètes pour favoriser la création d’emplois dans l’île".


An plis ke sa

o Les mesures Villepin vont "dans le bon sens", se réjouit le Medef
Le président du Mouvement des entreprises de France (MEDEF), Ernest-Antoine Seillière, a estimé hier que les mesures proposées par le nouveau Premier ministre Dominique de Villepin vont "dans le bon sens" pour relancer... l’emploi en France.
On peut comprendre en effet le bonheur du MEDEF, quand on sait que l’essentiel des dispositions du plan Villepin repose sur l’allégement des charges patronales. Un dispositif largement utilisé jusqu’ici et qui n’a jamais permis de faire respecter le droit à l’emploi pour tous.

o Pour l’UDF, le Parlement "se déshabille lui-même"
Le président de l’UDF, François Bayrou, a de nouveau critiqué hier le recours aux ordonnances annoncé par le Premier ministre Dominique de Villepin, en déplorant que le Parlement "se déshabille lui-même" de son rôle.
"Nous avons un Parlement croupion qui a déjà si peu de pouvoirs que c’est la risée des autres Parlements et qui en plus se déshabille lui-même", a déclaré M. Bayrou sur France 2.
Il a estimé qu’au lieu d’accepter le recours aux ordonnances, Jean-Louis Debré, "le président de l’Assemblée nationale, et les députés devraient défendre l’Assemblée nationale".
Selon le président de l’UDF, "demander au Parlement de ne plus faire son travail d’examen des mesures", c’est priver les Français du "relais qu’ils sont en droit d’attendre".


Éric Marguerite (F.O.) : Pas de réponses aux attentes des travailleurs

Pour Éric Marguerite, le gouvernement continue dans la voie libérale. Dans le discours de politique générale de Dominique de Villepin, "on retrouve les injonctions des patrons : permettre d’embaucher et de licencier plus facilement". Cela se traduit notamment par la mesure du “contrat nouvelle embauche”.
Réservé aux petites entreprises, ce nouveau contrat de travail est, selon le gouvernement, un contrat à durée indéterminée, qui comporte une période d’essai pouvant aller jusqu’à 24 mois.
Pour le secrétaire départemental de FO, cette mesure est "un CDD sur deux ans, il permet de presser plus facilement sur le travailleur, c’est la flexibilité sans la sécurité". Ce nouveau contrat "va accroître la précarisation de l’emploi et n’est pas une réponse aux besoins de la France et de La Réunion".
"Cela ne répond pas aux attentes des chômeurs", constate Éric Marguerite, et sur un plan plus général, "le gouvernement n’a pas retenu les leçons du 29 mai".
Et de citer en exemple le pouvoir d’achat : "aucune réponse du Premier ministre à cette question, alors que les revendications portent principalement sur les augmentations de salaire, de manière à réinjecter cette hausse du pouvoir d’achat dans l’économie pour créer de l’activité et donc de l’emploi".
Éric Marguerite déplore également la méthode annoncée : celle de légiférer par ordonnances. Grande est son inquiétude de voir "une remise en cause du code du Travail par ordonnances".
Quant à l’accueil personnalisé par l’ANPE de plus de 50.000 jeunes dans les mois à venir, Éric Marguerite se demande avec quels moyens humains l’agence nationale pourra-t-elle répondre à cette mission.
En conclusion, ce sont "beaucoup d’effets d’annonce, et pas de marges de manœuvre, car 4,5 milliards d’euros, est-ce suffisant ? Le Premier ministre n’a pas répondu à l’angoisse sociale".


o Dominique Herrbach (F.S.U.) : où est le changement ?

"On est dans une logique où on prend les mêmes et on recommence, c’est un jeu de dupes", déclare le secrétaire général de la FSU-Réunion, "on va vers des conflits sociaux très graves".
Dominique Herrbach dénonce "la logique de flicage des chômeurs". Il déplore "la volonté de gouverner par ordonnances. On prétend débattre et en réalité, on refuse le débat".
Par ailleurs, le responsable syndical constate que "si l’on se fie au discours de politique générale, le plan Borloo sera appliqué à la lettre".
"Le gouvernement, le président de la République, n’ont rien compris à la situation réelle du pays", précise Dominique Herrbach, au lendemain du résultat du référendum du 29 mai, "nous imposer cette équipe, c’est un mépris démocratique".


Une rentrée 2005 mal engagée

À quand un vrai rattrapage des effectifs ?

Dominique Herrbach a évoqué les rencontres du nouveau ministre de l’Éducation nationale, Gilles de Robien, avec les organisations syndicales. Ce dernier a commencé par recevoir le secrétaire général de la FSU, Gérard Aschieri. Une rencontre au cours de laquelle "le ministre n’a pas apporté de réponse", note Dominique Herrbach. "”La loi Fillon passera”, dit le gouvernement, alors que nous souhaitons que la loi soit retirée", poursuit-il, "Gilles de Robien prétend que la rentrée 2005 se passera bien, nous pensons le contraire : des postes, des options sont supprimés. Le rattrapage des effectifs n’est que démographique, il n’est pas structurel".
Dominique Herrbach souligne que sur un total de 900 professeurs d’EPS, 700 seulement sont budgétés. Cela veut dire qu’à la prochaine rentrée, 200 professeurs seront des titulaires de zone remplaçants. Ils ne sont donc pas affectés. Et pour la FSU, ces enseignants "remplaceront progressivement ceux qui partent en retraite".


Pour les syndicats en France

Le gouvernement ouvre une brèche libérale

Les organisations syndicales jugent que les mesures sur l’emploi annoncées par Dominique de Villepin ouvrent une brèche libérale à contre-courant des attentes exprimées le 29 mai.
Les syndicats se sont en outre élevés contre la procédure des ordonnances choisie pour accélérer la mise en place de ce "plan d’urgence".
"Dans la situation de crise de notre pays, je considère que l’attitude du gouvernement qui consiste à légiférer par ordonnances, pendant l’été, est politiquement irresponsable. Le gouvernement prend un énorme risque politique", a jugé le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, lors d’une conférence de presse.
"Le recours aux ordonnances, même avec concertation préalable, constitue un danger", a renchéri Force ouvrière.
La CFDT a estimé que cela n’était "pas le signe d’une mobilisation (...) pour la construction d’un pacte social".
"Les propositions formulées apparaissent contradictoires avec l’apparence d’un attachement aux valeurs républicaines", a remarqué Force ouvrière.
De fait, les syndicats estiment que Dominique de Villepin a joué la carte de la subtilité en rappelant les particularismes du modèle social français pour tenter de les rassurer.

“L’ère du salarié jetable”

Mais le Premier ministre a dans le même temps annoncé tout un train de mesures qui enfoncent un coin dans le Code du travail et pénalisent les salariés, ont ajouté les syndicats, qui ont argumenté point par point leur contestation :

- L’instauration du "contrat nouvelle embauche" pour les très petites entreprises, qui rappelle le contrat de mission du rapport Virville, offre une grande liberté aux employeurs sans apporter de garanties sociales aux salariés, estiment les syndicats.
Cela "accroît la précarité", a déploré FO. "C’est la fin programmée du contrat à durée indéterminée revendiquée par le Medef", s’est insurgé la CGT, en ajoutant que le "chèque-emploi" pour les TPE "réinstaure le travail journalier ou à la tâche".
Cela "consacre l’ère du salarié jetable et du travail précaire. Sans compter que la généralisation de ce chèque-emploi permettrait de blanchir le travail au noir", a craint la CFTC.

- La prime de 1.000 euros pour reprise d’activité et le crédit d’impôt du même montant pour les jeunes embauchés dans des métiers sous tension reviennent à renforcer la pression pour "accepter n’importe quel travail, à n’importe quel prix, sous peine de sanctions", selon la CGT.

- La suppression des charges patronales au niveau du smic d’ici 2007 "reconduit une mesure qui n’a jamais été évaluée", a souligné la CFTC, en demandant : "Pourquoi s’obstiner à proposer des mesures qui n’ont jamais prouvé leur efficacité ?"
"Les mesures pour les patrons, c’est pour tout de suite. Celles qui sont censées améliorer le sort des salariés sont renvoyées à plus tard, à des négociations entre les partenaires sociaux avec un Medef qui dit non à tout", a résumé Maryse Dumas, la numéro deux de la CGT.
"Le Premier ministre, comme son prédécesseur, se montre plus sensible au message des ultras de sa majorité et du patronat qu’au mécontentement et à la colère exprimés le 29 mai", a de même jugé le président de la CFTC, Jacques Voisin.
"Il en résulte des mesures provocatrices qui sont loin d’être à la hauteur des défis à relever", a ajouté le leader de la confédération chrétienne.


"Le champ clos des querelles de la droite"

Le député socialiste Henri Emmanuelli a accusé le président Jacques Chirac "d’utiliser le gouvernement pour en faire le champ clos des querelles de la droite", dans un entretien au “Monde”.
Après la large victoire du “non” au référendum sur la Constitution européenne, le député des Landes, opposé au traité, a regretté que la réaction du président de la République ne soit "pas à la hauteur de ce vote exceptionnel". Le chef de l’État a réagi en "chef de clan assiégé en nommant un gouvernement composé de sa garde rapprochée".
Le Premier ministre, Dominique de Villepin "n’est là que par le fait du prince", a accusé le député des Landes, et "pire, le président utilise le gouvernement pour en faire le champ clos des querelles de la droite".
"On vole aux Français leur vote", a affirmé Henri Emmanuelli. "On s’assoit dessus et c’est risqué". "Je ne laisserai pas piétiner ce vote par des personnes qui essaient, de surcroît, d’en dévoyer la signification".


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