’Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt’

12 juin 2003

Il apparaît de jour en jour que le conflit qui oppose désormais une grande majorité de Français à leurs gouvernants et la perception qu’en ont certains de nos concitoyens révèle une désolante ambiguïté résumée par ce proverbe chinois : "Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt". Des détracteurs - le plus souvent anonymes - fustigent à qui mieux mieux, que ce soit sur les ondes ou dans les pages des quotidiens, ces paresseux de fonctionnaires enseignants grassement payés à ne rien faire qui défilent, grèvent, provoquent, menacent la bonne tenue des examens, prennent les élèves en otage, etc.
Cette logorrhée désespérante, largement encouragée par le gouvernement, n’est que l’expression d’une immaturité politique. Immaturité qui laisse l’affectif primer sur le politique et que le proverbe chinois ramasse dans le terme désobligeant "d’idiotie". En effet, si tant de personnes sont désormais dans la rue, ne serait-il pas plus sage de regarder ce qu’elles veulent montrer ?
Ce qu’elles montrent n’est certes pas la lune mais plutôt un immense trou noir, celui dans lequel nos gouvernants vendus aux puissances d’argent veulent faire plonger les générations futures. De cette décentralisation forcée - avant-poste de la privatisation des services publics - à la disparition programmée du SMIC, en passant par une réforme du régime des retraites qui spolie les travailleurs et privilégie le capital, c’est la même logique qui prévaut, celle de l’argent qui exploite, qui pressure, qui insécurise.
Ce que la rue dénonce, c’est la casse programmée de la sécurité sociale au profit des assurances privées, la casse du système de retraite au profit des fonds de pension, la casse des services publics au profit des sociétés privées qui offriront des services que seuls les plus riches pourront acheter.
Qui souffrira le plus , demain, de cet état de faits, sinon ceux qui aujourd’hui crient leur inquiétude devant le désordre de la rue et ses conséquences ?
Les gouvernants de tout bord ont toujours su que la peur et la jalousie sont leurs alliées privilégiées. La manipulation des lâchetés qui trouvent leurs racines profondes dans une insécurité économique grandissante, dans la division et l’individualisme sont les armes favorites de ces "nouveaux gouvernants" qui veulent détruire en quelques mois des siècles de progrès social.
Il est bien évident que lorsque l’on a pris toute la mesure du complot contre l’Homme que ce gouvernement entend mener, nous ne pouvons qu’entrer dans un combat totalement politique et le conduire à terme jusqu’à ce que la civilisation, jusqu’à ce que les citoyens l’emportent sur la jungle économique et ses prédateurs.


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