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Signes de la catastrophe

vendredi 6 août 2010, par Geoffroy Géraud-Legros


Incendies géants, inondations meurtières… libérant d’immenses forces destructrices, le réchauffement climatique ravage l’ensemble de la planète. Et pose, au-delà de l’observation scientifique, la question du rapport économique, social et politique entre les hommes.


Comme les tempêtes, les incendies et les inondations comptent au nombre des “phénomènes extrêmes” identifiés en 2001 par le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Le réchauffement climatique a été identifié à plusieurs reprises comme la cause majeure des énormes inondations, dont celle de la fameuse mousson de 2007.

« Phénomènes extrêmes »

Depuis le début des inondations, 1.200 personnes ont perdu la vie au Pakistan. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), près de deux millions d’entre elles ont actuellement besoin d’une aide alimentaire, et plus d’1 million sont sans abris. Dans le même temps, la Chine du Nord est elle aussi en proie à des inondation dont le bilan provisoire s’élève à plus de 70 morts et à près de 400.000 évacuations. Les projections des experts laissent craindre le pire dans cette partie du monde où, toujours selon le GIEC, « le réchauffement pourrait excéder de 40% le réchauffement moyen de l’ensemble de la planète et en Asie du Nord et en Asie centrale »… ainsi qu’en « Amérique septentrionale... » où le déferlement de la tempête Katrina en 2005 avait contribué à la prise de conscience envers les conséquences du réchauffement climatique.

Prise de conscience  ?

Un éveil tardif, alors qu’aux États-Unis, les inondations à répétition enregistrées depuis 1993 dans le Midwest portaient elles aussi la marque du changement climatique. Dès 1995, le National climatic data center avait fait paraître un accroissement des catastrophes climatiques aux USA, estimant à « une chance sur deux » la possibilité d’un lien entre ces dernières et le phénomène de réchauffement climatique… un rapport devenu de plus en plus évident avec l’affinement des recherches, que, les médias américains ont malgré tout tardé à pointer, dans un pays où le « scepticisme climatique » est fort répandu.

L’eau et le feu

L’ Europe n’est pas non plus épargnée, comme l’ont rappelé les crues gigantesques de l’Elbe et du Danube qui ont frappé l’Europe centrale en 2002, entraînant le déplacement de 200.000 personnes en République tchèque, et occasionnant un bilan de 3 milliards de dollars à ce pays, et 9 milliards à Allemagne, qui n’avait pas connu de telles montée des eaux depuis le 13ème siècle.
Autre manifestation de la crise : les incendies. Après les grands embrasements de la Grèce et du Portugal au cours des années 2000, c’est au tour de la Russie d’être frappée par de gigantesques incendies. À Moscou, le ministère des Situations d’Urgence (MCS) estime aujourd’hui que 128.000 hectares sont en feu, pour un bilan qui s’élève provisoirement à 34 victimes et à 2.200 personnes sans abri.

À qui profite la crise climatique ?

Plus que jamais, les « phénomènes extrêmes » posent la question de l’organisation sociale, économique et politique. Le lien entre le modèle de production industriel capitaliste et l’évolution du climat est désormais avéré : mais les certitudes scientifiques n’ impulsent pas par elle-mêmes la refonte globale du système. En revanche, les catastrophes liées au réchauffement climatiques sont utilisées par les intérêts dominants pour accroître le contrôle et l’exploitation des plus faibles. Après Katrina, les soldats précipitamment rapatriés d’ Irak évacuaient leurs compatriotes pauvres à la pointe du fusil . Parallèlement, des entreprises privées profitaient de la désorganisation et du choc infligé à la population pour prendre en main les marchés de la reconstruction, laminant les services publics : il ne leur fallut par exemple que quelques semaines pour effacer presque entièrement l’éducation publique de Louisiane, et imposer une école payante ,sur les ruines d’un service public détruit par la tempête.

Une question politique

En Russie, la population a interpellé une gestion gouvernementale des forêts et des combattants du feu organisée selon la logique du moindre coût. L’émotion est vive, dans les villes et les villages ruinés par les privatisations sauvages de l’ère Eltsine, ou règne un profond sentiment d’abandon. Au Pakistan, l’inondation révèle avant tout l’infinie pauvreté de la population. Alors que se profile le sommet de Cancun, les maux qui s’abattent sur ces États vont-ils peser pour de nouveaux rapports sociaux ? Ou la violence économique et politique va-t-elle, de manière croissante, s’ajouter à celle de l’eau et du feu ?

Geoffroy Géraud-Legros


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