Manifestation de l’Éducation nationale à Saint-Denis

« La réalité du terrain est totalement niée »

26 février 2011, par Edith Poulbassia

Les enseignants ont montré une fois de plus leur opposition aux suppressions de postes dans l’Académie. Le discours du Rectorat n’a pas changé. La mobilisation pourrait continuer.

C’est sous un soleil de plomb hier que les enseignants du secondaire et de l’école primaire ont manifesté, accompagnés de leurs élèves. Des lycéens de Brassens, de l’Horizon et des jeunes de l’UNEF en tête du défilé qui a démarré devant la médiathèque François Mitterrand vers 10h30. La FCPE représentait aussi les parents d’élèves. Ils étaient quelques centaines de manifestants à venir ainsi protester contre les 162 suppressions de postes d’enseignants à la rentrée 2011 dans l’Académie.
« Sarko brade l’Éducation nationale », pouvait-on lire sur les banderoles. « 3ème démarque, moins 100.000 postes d’ici 2013 », affichaient les enseignants du collège Célimène Gaudieux. « Oui à la classe, non à la casse », lisait-on sur une pancarte décorée de jolies fleurs et portée par une élève de l’école primaire. Même un établissement privé, le lycée Cluny, était représenté pour dire que chez eux, « ça craint aussi ». Les grilles du Rectorat étaient-elles bien ornées de banderoles et de pancartes aux messages sans équivoque.
Visiblement, ces petites attentions n’ont pas suffi à faire fléchir le Rectorat. Vers 11h45, une délégation a été reçue, et après plus d’une heure de discussion, Marie-Hélène Dor, de la FSU a donné le ton : « Nous sommes totalement déçus. C’est notre 4ème rencontre, le recteur tient un discours de mauvaise foi, d’aveuglé, la réalité du terrain est totalement niée ». Le Rectorat aura-t-il le dernier mot ? Parmi les manifestants, on parlait déjà « d’élargir la mobilisation », de trouver d’autres moyens de pression comme « la grève des notes, la grève des examens » dans la majorité des établissements scolaires.

Syndicats déterminés

Du côté des syndicats, le discours n’a pas changé. Pour Évelyne Derrieric, secrétaire académique du SNEPS-FSU, « la situation est catastrophique dans l’enseignement professionnel à La Réunion » et seule la mobilisation fera bouger le Rectorat qui est sous l’influence du ministère.
Érick Chavriacouty, du SE-UNSA, demande le gel des suppressions de postes et une réévaluation de la politique locale et nationale en matière d’éducation. « L’école du 21ème siècle est celle de la rigueur budgétaire, le gouvernement n’a aucune ambition de réussir, même ses propres réformes, car il n’y met pas les moyens », a déclaré le syndicaliste.

Pour Marie-Hélène Dor, de la FSU, c’est la première fois que l’Académie fait face à autant de suppressions de postes, une Académie pourtant sous dotée en personnels d’éducation. Il n’y a pas d’autre choix selon elle que de continuer la grève commencée depuis deux semaines.

Cécile Chèze, du SAIPER, dénonce les 75 suppressions de postes à l’école primaire : RASED (Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficultés), soutien scolaire, accueil des primo-arrivants, itinérants en langue, informaticiens, conseillers pédagogiques. « Des postes non visibles de l’extérieur », pourtant très utiles pour les élèves en difficultés. À cela s’ajoutent des postes non renouvelés d’AVS et EVS pour les élèves handicapés, des postes de secrétaires pour les écoles. Le SAIPER exprime d’ailleurs son soutien au directeur d’école du Tampon, en grève de la faim depuis 10 jours. « Aujourd’hui, on demande aux enseignants de faire plus avec moins de temps et moins de moyens », explique Cécile Chèze.

Enfin, notons que la Ligue des droits de l’Homme a apporté son soutien aux personnels de l’éducation, comme elle l’a fait pour les magistrats. « Ce gouvernement applique la même méthode dans tous les secteurs : la culture, la santé, la justice, l’éducation… Il n’a que faire des plus défavorisés », a déclaré Jacques Pénitot.

EP

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